Claude Nadeau, musique classique - clavecin, orgue... musique baroque

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lundi 22 août 2011

chant grégorien moderne à l'Abbaye de Cîteaux pour la Saint Bernard

Vendredi j'ai passé la journée en vadrouille, à réaliser des reportages radio pour ma chronique d'été, chronique tourisme en Côte d'or pour France Bleu Bourgogne. Je suis donc allée promener mon micro en pays de Beaune, avec bien sûr la visite des Hospices de Beaune, en attendant d'y retourner pour la vente des vins en novembre, du centre historique, mais aussi du Spa en Bourgogne de Nathalie Molinier. Belle et riche journée! Je suis restée à la radio jusqu'à 22h pour charger les rush sur mon ordinateur, mais l'équipée valait la chandelle!

En fin de journée, au moment de rentrer, j'aperçois un panneau: "Abbaye de Cîteaux - 8 km". C'est trop bête pensai-je, de passer à côté sans y aller. J'oblique donc par le chemin des écoliers.

J'arrive, la cloche tinte:

les vêpres vont commencer. La musicienne en moi est ravie, quel coup de chance, j'arrive juste à temps pour écouter les moines chanter. L'Esprit devait guider mes pas, car c'étaient les vêpres solennelles de la saint Bernard, l'un des personnages les plus importants de l'ordre de Cîteaux! pour cette communauté fondée par Robert de Molesmes en 1098, c'est l'un des événements les plus importants de l'année. Alors comme j'avais mon matériel d'enregistrement avec moi, j'ai posé le micro sur le banc et j'ai enregistré l'intégralité des vêpres, pour partager ce moment magique avec les gens que j'aime.

J'ai été très étonnée de constater à quel point le chant des moines est moderne! est-ce qu'on peut appeler ça du grégorien? Bonne question. Quand on regarde dans le temps, il y eut le chant ambrosien, puis un certain nombres de "codificateurs" qui ont voulu noter la pratique orale, Guido d'Arezzo, ou le pape Grégoire le grand qui a donné son nom au chant "grégorien", et qui n'a fait que codifier sa pratique. Puis tout au long des siècles on a continué d'enrichir le répertoire: quand on s'intéresse à la question, on peut dire de certains chants grégoriens qu'ils sont "tellement XVIIIe!" ou "tellement XIXe"! Et je ne parle pas de la messe de Dumont... il y a une logique dans l'histoire: pourquoi cesserions-nous d'enrichir à notre tour la tradition?

Je ne sais pas qui est l'instigateur de cette liturgie moderne et en français à laquelle j'ai participé vendredi; mais j'ai été conquise et je pense que c'est notre rôle comme musiciens de continuer d'alimenter la tradition. Merci aux anges gardiens qui m'ont guidée vers l'abbaye de Cîteaux!

Bernard de Clairvaux est un personnage étonnant. A la fois il a prêché une croisade, et à la fois il est l'auteur des "Sermons sur le Cantique des cantiques", poème d'amour charnel et spirituel de la Bible. C'est cet aspect de St Bernard que je veux retenir. Je préfère l'amour à la guerre; cela semble un lieu commun de le dire, mais l'actualité nous montre que même de nos jours c'est loin d'être évident...

dimanche 21 août 2011

Ecoutez!

Qui veut travailler avec moi?

je viens de mettre en ligne mon CV d'animatrice radio et ma maquette...

l'occasion de réécouter certaines de mes meilleures chroniques :-)

cliquez ici

eh oui, pour moi, musicienne et animatrice, c'est un peu le même métier... avec un instrument différent. Dans les deux cas, j'ai envie de partager, de dire "écoutez comme c'est beau!".

Et puis après tout, plusieurs "créateurs" sont aussi animateurs radio: je pense à des écrivains comme David Abiker, des musiciens comme Frédéric Lodéon, et tant d'autres...

lundi 15 août 2011

du clavecin aux Prix pour l'avenir de la langue bretonne - Ofis ar brezhoneg

Le 17 juin dernier, l'Office de la langue bretonne a remis ses "Prix pour l'avenir de la langue bretonne" en choisissant de le faire dans le très bel écrin de l'auditorium des Carmes, à l'école de Musique de Vannes, en profitant de l'affluence du Salon du Livre de Vannes. voir les lauréats sur le site de l'Ofis, l'article sur Agence Bretagne Presse en français et en breton, et sous l'oeil attentif des caméras de France 3 Bretagne

A cette occasion, il m'a été demandé d'ouvrir et de clore la cérémonie avec de la musique bretonne au clavecin. J'ai donc commencé par jouer un prélude et une gigue du compositeur vannetais Charles de Mars que j'affectionne tout particulièrement. J'ai aussi joué le cantique "Pe trouz war an douar", que le public s'est empressé de chanter avec moi! et puisque les bergers à la crèche "jouent haubois, résonnez musettes", je me suis prise à imaginer qu'ils auraient bien pu être un couple de sonneurs, et j'ai enchaîné sur un laridé vannetais en mode ancien. Au clavecin! On me dira plus tard dans la salle que certaines personnes n'ont eu qu'une envie: se lever et danser! N'est-ce pas après tout aussi l'un des rôles du clavecin, certes plus habitué à jouer des danses comme l'allemande, la gavotte, la courante, la sarabande?

J'appréhendais cette cérémonie, car j'ai toujours peur qu'on n'écoute le clavecin qu'avec complaisance, par politesse, en pensant ouais, finalement, bof. Mais à ma grande surprise, énormément de gens sont venus me voir après la cérémonie pour me dire à quel point ils avaient été conquis, qu'ils avaient découvert plusieurs facettes de l'instrument, et c'est toujours un moment magique pour un musicien.

L'occasion de tisser un parallèle entre le clavecin et le breton : il nous appartient de composer son histoire à venir. Dans les deux cas c'est ancien, c'est fragile, il faut prêter attention si on veut l'entendre, il a plus de littérature qu'on ne le pense, et si on n'y fait pas attention on ne l'entendra plus.

J'ai été frappée d'entendre plusieurs lauréats des prix venir chercher leur trophée et s'exprimer en français, s'excusant presque de ne pas être locuteur du breton. Remarquez, tant qu'ils posent des actions pour promouvoir cette langue, après tout... mais on a du mal à trouver crédible des personnes qui ne joignent pas les actes aux paroles. Je connais des personnes qui "s'excusent" depuis dix ans de ne pas parler breton. S'ils avaient vraiment voulu, vous ne me ferez pas croire que depuis 10 ans ils n'auraient pas trouvé quelques minutes tous les jours pour au moins potasser une méthode Assimil?...

Apprendre le breton est une décision. On peut ne pas la prendre et défendre quand même la langue; c'est déjà pas mal. Mais pour avoir fait l'effort de m'y mettre, je me suis rendu compte qu'on a une perception complètement différente de la question à partir du moment où on est à l'intérieur, où on fait partie des locuteurs.

Aussi je n'ai pas pu m'empêcher de répondre, avant mon dernier morceau, à toutes ces personnes qui s'excusent de ne pas parler breton en disant "oui, mais vous comprenez, moi mes parents ne parlaient pas breton..." eh bien les miens non plus! Un jour on se lève et on se prend en mains, c'est tout. Si vous avez vraiment envie de défendre le breton, parlez-le! Si vous ne trouvez pas le temps pour le faire, c'est que votre motivation n'est pas assez forte, ce qui est possible aussi et ce n'est pas répréhensible. Mais arrêtez de vous cacher derrière vos parents ou de dire "oh moi je viens du pays gallo". Apprendre le breton est une décision, vous la prenez et vous y consacrez les efforts que ça mérite, ou pas. Et si vous ne le faites pas, ce n'est pas grave, mais au moins reconnaissez que c'est parce que vous manquez de motivation. D'autres gens s'y mettent, des milliers de gens s'y mettent, et réussissent. Et puis franchement vous aurez beau dans quelques années défendre une langue que plus personne ne parle...

Trouveriez-vous crédible au Québec qu'on dise la main sur le coeur "moi je défends le français" et ce sans le parler? sans blague?...

On ne peut pas aimer qu'à moitié. Si vous défendez le breton sans le parler, alors vos amours sont platoniques... ce qui est tellement moins bien! ;-)

Ah oui tiens : mention spéciale aux "officiels", et c'est quand même pas piqué des hannetons, qui pouvaient bénéficier d'un casque pour la traduction simultanée, et qui ne l'ont porté que pendant les 5 premières minutes pour faire joli. Cela veut dire qu'ils ont passé la quasi totalité de la cérémonie à faire semblant d'être attentif à des paroles auxquelles ils ne comprenaient absolument rien. Cela veut aussi dire qu'ils s'en fichent royalement.