Claude Nadeau, musique classique - clavecin, orgue... musique baroque

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lundi 30 juillet 2007

Supplique à Mgr Centène, évêque de Vannes, au sujet des cantiques bretons

Monseigneur,

Le 15 août prochain, j'aurai le bonheur de m'unir à votre prière pour la messe du pardon de Notre-Dame d'Arvor, puisque la Mairie de Vannes m'a fait l'honneur de me solliciter, cette année encore, pour faire partie du jury qui élira la "Reine d'Arvor" 2007.

L'année dernière j'avais déjà eu la joie de prier avec le Père Maurey et les centaines de fidèles rassemblés à cette occasion. Je ne suis pas d'origine bretonne, mais dans ma famille originaire du Québec je suis la 7e génération de musiciens d'église. Organiste, je m'intéresse de très près à la musique bretonne, qu'elle soit classique ou traditionnelle. J'ai eu l'occasion de faire un concert bombarde, orgue et chant en 2005 à la cathédrale de Vannes, au cours duquel j'ai fait la connaissance du Père Maurey (et bien sûr également de Michel Jégo). Plus récemment, j'ai effectué une tournée au Japon à l'occasion de la St Patrick 2007, avec le soutien du Conseil Régional, de l'Ambassade de France et d'Air France, au cours de laquelle j'ai fait un concert d'orgue à Tokyo qui a permis au public japonais de découvrir les compositeurs bretons et même vannetais tout aussi bien que les cantiques traditionnels bretons.

Je vous écris spécialement pour vous dire que j'avais été profondément attristée l'année dernière par la quasi absence de cantiques bretons au cours de la messe du 15 août.

Mon regard n'est pas celui d'une militante obtuse, et ces cantiques n'évoquent chez-moi ni l'enfance ni un certain folklorisme : ils sont seulement sublimement beaux.

Plus encore, j'ai remarqué à chaque fois que je participais à une messe en basse-Bretagne, que si les fidèles ânonnent les chants en français (qui sont souvent, avouons-le, d'une qualité musicale très discutable!), dès qu'on entonne un cantique breton, c'est toute l'assemblée qui chante à gorge déployée et avec une profonde joie - enfin, pour peu qu'on ait les paroles dans le feuillet de participation !

Je sais tout l'attachement que vous portez à la culture bretonne. Vous avez sur elle un regard qui est d'autant plus sincère que, comme pour moi, ce n'est pas la culture dans laquelle vous avez grandi. Je sais aussi à quel point vous êtes sensible à la belle liturgie, si importante pour que la prière sourde au coeur des fidèles. C'est la raison pour laquelle je me tourne vers vous pour vous demander d'essayer d'influencer les différents intervenants de la messe du 15 août prochain afin qu'il y ait un peu plus de place pour les cantiques bretons. Par ces cantiques, on détient en Bretagne un trésor musical inestimable ; or si on ne les chante pas en Bretagne, où les chantera-t-on? Laissera-t-on mourir ce répertoire qui vaut bien Mozart ou Bach à mes yeux ?

Bien sûr, nombreuses sont les personnes capables, à Vannes, de proposer à l'assemblée des cantiques bretons au cours de la messe du pardon de Notre-Dame d'Arvor. Mais s'il advenait que l'absence de ce répertoire à cette messe spécifiquement soit liée à un conflit de personnes ou toute autre raison non-musicale, je me propose à vous dans un esprit de service si je pouvais me rendre utile, comme animatrice de chant, pour faire profiter de ce répertoire la nombreuse assemblée du 15 aoît, (au moins chanter Rouanez karet an Arvor, "reine aimée de l'Arvor", c'est un minimum vu la circonstance!) .

Je vous remercie d'avance de l'attention que vous porterez à ma demande.

dimanche 29 juillet 2007

Le dopage et la musique

Je retrouve enfin mon lit et ma machine à expresso après deux semaines de vagabondage sur les routes de France et de Navarre (3700 km parcourus ces quinze derniers jours...) : il est vrai que si la belle saison des concerts et des festivals est stimulante, force est d'avouer que c'est extrêmement dur physiquement.

Tour de France oblige, le sujet du dopage rôdait autour de la table jeudi soir après le concert à Lalouvesc (dont je vous donnerai des photos très bientôt). Et particulièrement au sujet des musiciens : y a-t-il du dopage chez les musiciens classiques?

La question n'est pas anodine, et sitôt le sujet lancé chacun avait son mot à dire: nous avons tous nos substances, licites ou illicites, pour nous faire tenir le coup. Mais à partir de quel moment peut-on parler de dopage? Petit inventaire d'un sujet politiquement incorrect.

Personnellement, j'use et j'abuse de la vitamine C, un grand classique, et pas un matin sans la multivitamine la plus complète possible, qui compense une alimentation trop aléatoire. Je dors beaucoup, enfin quand je ne finis pas de jouer à 2h du matin, j'essaie de manger des produits frais, bio et le plus souvent cru. Jusqu'ici ce n'est pas réellement du dopage, me direz-vous! Du côté des chanteurs, ils ont toujours sur eux soit des gouttes de Fleurs du Dr Bach, soit des préparations de phytothérapie (échinacée, mélaleuca...). Mais j'ai aussi entendu parler de chanteurs qui utilisaient de l'éther pour s'éclaircir la voix (avec des conséquences irréversibles à la longue, évidemment), mais cette pratique est rare.

En revanche les chanteurs ont presque toujours sur eux de la cortisone, qui permet d'enchaîner les répétitions et les concerts à un rythme que le corps refuserait normalement. Les violonistes et autres instrumentistes sujets aux tendinites n'hésitent pas eux aussi à recourir à la cortisone, avec la complicité d'un médecin bienveillant, pour endormir la douleur d'un bras ou d'une articulation qui a trop travaillé avant un concert important. J'avoue qu'il m'est déjà arrivé de chanter avec une bronchite sévère et 40 degrés de fièvre, pour un festival de cinéma à Husum en Allemagne : mon médecin m'avait prescrit un traitement de cheval afin de pouvoir assurer quand même ma prestation. J'ai bel et bien assuré, mais j'étais carrément dans un état second! Je n'aime pas prendre des médicaments très forts, mais que faire quand on a un concert important à assumer?

Si parfois on combat le trac avec des granules homéopathiques (Argentum nitricum, Gelsenium...) ou un apport de magnésium, d'autres se penchent sur la bouteille, c'est bien connu... On m'a dit que chez les instrumentistes à vent, on se sert énormément de bêta-bloquants afin que le stress ne vienne pas rendre le souffle court, que ce soit pour des concerts importants, des auditions ou des concours. Tout cela s'obtient relativement facilement sur ordonnance. Et puis il y a des musiciens qui ont recours à la cocaïne (c'est plus courant qu'on ne le croit dans notre métier, comme dans la plupart des métiers à stress), voire à l'héroïne. Pour certains danseurs classiques, comme pour beaucoup de mannequins d'ailleurs, ce sont souvent les amphétamines qui agissent comme coupe-faim et permettent de garder la silhouette (quelle société de dingues quand même), en plus bien sûr de la cigarette.

Dans tous les métiers finalement il y a des problèmes de dopage, et les entreprises elles non plus n'y échappent pas. Le métier de musicien n'est certainement pas plus facile qu'un autre, il est même probablement plus difficile, et il est très proche du métier de sportif professionnel : la part de stress, la préparation, la compétition (il faut bien le dire), l'exigeance, la discipline. On me demande souvent "Où puisez-vous toute cette énergie?..." ; hormis mon entraînement purement musical, et tout le côté platement administratif de mon métier, je m'entraîne entre 5 à 8h par semaine dans une salle de sports : j'ai beau rien que remuer mes petits doigts sur un clavier, il faut être sacrément en forme pour exercer le métier de musicien !

N'allez pas croire que nous sommes tous des dopés, j'aborde ce sujet délicat sur mon blog uniquement pour susciter la réflexion et les commentaires des blogueurs : jusqu'où peut-on aller?

De la simple vitamine C aux drogues dures, il n'y a finalement à mon avis que deux substances, rien que deux, qui dopent vraiment et véritablement les musiciens, et qui nous propulsent sans cesse vers l'avant : c'est l'adrénaline, avant de monter sur scène, et la dopamine, sous les applaudissements du public. Rien que pour ça, on irait au bout du monde.

mardi 24 juillet 2007

Sous vos applaudissements mesdames et messieurs

Dimanche soir j'ai assisté à un très beau concert ; ça faisait longtemps que je n'avais pas assisté à un concert "côté public"!

Or j'ai observé que la personne qui était assise à côté de moi, bien qu'appréciant manifestement la soirée, n'applaudissait pas. Avez-vous remarqué que certaines personnes, au concert, n'applaudissent jamais?

De quoi un musicien a-t-il besoin? Il a besoin qu'on l'aime. Et comment le public manifeste-t-il qu'il aime ? en applaudissant. Si personne n'applaudit, le flux d'énergie est rompu avec l'artiste et il n'a plus qu'à rentrer chez-lui. Si la salle applaudit à tout rompre, l'artiste est électrisé : les applaudissements sont le salaire du musicien !

(pourquoi sinon croyez-vous qu'on exercerait un métier aussi mal payé?) ;-)

vendredi 20 juillet 2007

Enfin de l'orgue à la télé!

Les miracles se produisent souvent dans les églises. Et comme nous autres organistes nous fréquentons régulièrement ces lieux, statistiquement nous sommes bien placés.

Très mauvaise répétition mercredi soir avec l'Ensemble Instrumental du Val de Loire en prévision du concert de jeudi à la basilique de Quintin : la tribune de l'orgue étant trop petite pour accueillir l'orchestre, je joue le concerto op. 4 n° 7 de Handel (en si bémol majeur - celui qui est également souvent joué à la harpe) seule à la tribune alors que l'orchestre est en bas, dans le choeur. Ce qui n'a pas manqué de nous causer un problème MAJEUR de synchronisation! La basilique est vaste, le son y connaît une très belle résonance ; mais cela implique également un léger décalage entre le moment où l'archet fait vibrer la corde dans la nef et le moment où mes doigts font parler les tuyaux cent mètres plus loin (et quinze mètres plus haut! je laisse les trigonomètres calculer l'étendue de notre désarroi).

Résultat, une catastrophe: je n'entends l'orchestre qu'avec beaucoup de retard, le chef ne me voit pas, cachée derrière la console à trois claviers, tout le monde marche sur des oeufs et le résultat musical ressemble à une grosse soupe, ou plus précisément au kig ha farz qu'on nous a servi hier soir au dîner, avec le far bien "brujunet"! (émietté) - (pour les ignorants culinaires de ce délice, le kig ha farz est à la Bretagne ce que le couscous est à l'Afrique du nord... c'est dire! pauvre Handel!)

Rien de pire qu'une mauvaise répétition la veille d'un concert. Ca vous sape un moral, je vous jure! Surtout quand on a deux jours pour monter un programme de concert d'une heure et demie, avec la journée de travail qui commence à neuf heures du matin et qui se termine à 23h30! Je suis sortie mercredi soir de la Basilique livide, angoissée, perplexe. Normalement pour jouer ce genre d'oeuvre, soit l'orchestre est en haut à la tribune près de l'orgue (mais ici il n'y a pas la place), soit l'orgue est dans le choeur, comme à Carhaix, donc près de l'orchestre... Mais à Quintin, avec les contraintes évidentes du lieu, comment faire pour se synchroniser?

Je n'en ai pratiquement pas dormi de la nuit (et le chef d'orchestre non plus, m'avouera-t-il après le concert). Le problème lié à la configuration du lieu semble impossible à régler. Vais-je demain soir me couvrir de ridicule en transformant en soupe immonde mon premier concerto de soliste avec orchestre? D'autant plus que lorsqu'on est dans une position aussi inconfortable, les doigts se mettent à faire n'importe quoi. Tourne et retourne dans le lit, tic et tac la pendule, je compte les heures et je fais la crêpe en cherchant quel côté serait le plus susceptible de faire venir le sommeil. Mais quelle idée aussi de faire un concerto d'orgue dans des conditions aussi abracadabrantes. Et puis après tout, toutes les églises sont faites comme cela, ou presque, et on ne va tout de même pas s'empêcher de jouer du Handel pour si peu. D'ailleurs Handel, qu'aurait-il fait à ma place? C'était un musicien comme nous, il a certainement été confronté lui aussi à ce genre de problème. Tic, tic, tic, trois heures. Soupir. Et si je ne le jouais pas? Tant qu'à me couvrir de ridicule avec un magma informe et les doigts qui n'en font qu'à leur tête, autant ne rien jouer: la répétition de ce soir a été si mauvaise... Et puis d'abord, sale métier que celui de musicien. Mal payé, mal aimé, mal traité, mal apprécié du grand public toujours à l'affût de la moindre fausse note, c'est décidé, demain j'arrête. Et tant pis pour Handel. Et dommage pour ce beau trois-claviers et pour le jeu de keraulophone qui... qui... qui... zzzzzzzzzzzzzzzzzzz.

Jeudi matin, je me suis réveillée dans la peau d'une guerrière. J'allais trouver une solution. Coûte que coûte.

En route vers le champ de bataille : direction la basilique. J'y ai passé la journée. A jouer de l'orgue, à explorer les lieux, à prendre possession mentalement du bâtiment, à en observer les moindre détails, à m'approprier l'esprit du lieu, à me mettre au diapason avec ses murs, à me fondre dans la lumière des vitraux. A réviser ce concerto, à répéter par coeur le moindre solo, lentement, prestement, à le décortiquer, le rejouer encore, jusqu'à le graver dans le granit de la basilique. La guerrière fourbit ses armes, elle veut observer et stratégir. Elle a décidé qu'elle vaincra.

La basilique n'est pas ancienne, elle date du XIXe siècle, et fait un peu penser à la basilique de Montréal. Celle de Montréal comporte un orgue Casavant, qui fut l'élève de Cavaillé-Coll ; celle de Quintin comporte un Claus, qui fut également élève du même facteur. Un peu avant midi, au moment où le jeûne commence à se faire sentir, de guerre lasse je vais m'asseoir tout au fond du choeur, devant le maître-autel et la statue de Notre-Dame de Délivrance. Cela fait trois heures que la guerrière a investi la basilique et toujours pas de solution. Alors mon regard s'est perdu dans la contemplation des gisants de Geoffroy Botherel et celui de Jean II de Bretagne, et je me dis qu'elle est belle ma grande théorie de rédemption par la Beauté si je suis infichue de jouer proprement un "simple" concerto de Handel... Du dehors, mon regard s'est tourné en dedans, et j'ai bien dû rester une demi-heure, trois quarts d'heure en prière et en méditation, jusqu'à sentir en moi sourdre la source qui -j'en suis certaine!- jaillit sous la basilique, et qui, sans que je puisse expliquer comment, m'a apaisée et m'a permis de me lever pour aller déjeuner.

Deux heures sonnent au beffroi, je suis de retour à l'orgue, studieusement. J'entends des pas dans l'étroit escalier de granit : c'est Monsieur le Maire en personne qui, "passant par là", vient me voir avec l'un de ses adjoints. Je le complimente sur l'orgue de Quintin, en assez bon état, malgré qu'il ne serve qu'une fois l'an, en somme, pour le pardon au mois de mai. "D'ailleurs, me dit le Maire, à cette occasion nous sommes obligés d'installer une caméra en circuit fermé afin que l'organiste puisse voir le maître de chapelle, sinon, vous comprenez, il y a un sérieux problème de synchronisation..."

Le voilà le miracle. Et voilà comment jeudi soir nous avons fait un superbe concerto de Handel, dans lequel l'orgue dialogue joyeusement avec l'orchestre et se permet même de jouer à l'unisson avec lui dans les tutti, sans décalage. Un concert d'autant plus réussi que nous avons tellement eu chaud, et lorsque le concerto a été terminé, dans toute la splendeur de l'art handélien, j'ai eu envie de hurler de joie.

Regardez bien au centre de la photo : la fameuse caméra!


Merci à Claude Morin, maire de Quintin, pour son intervention miraculeuse, matérialisée par M. Nédélec (nedeleg, en breton, a la même signification que Nadeau, ou nadau en occitan : nativité), de Plouescat, avec qui j'ai eu le plaisir de parler en breton - un beau breton bien articulé et riche en vocabulaire!- , venu tel un archange salvateur avec sa caméra... pour le plus grand bonheur - et surtout le plus grand soulagement!- du chef et des musiciens. Et puis, que diable, pour une fois on a de l'orgue à la télé!

mercredi 18 juillet 2007

Amours, délices et orgues à Quintin

Répétition en solitaire ce matin en vue du concert de jeudi à la basilique de Quintin, sur le superbe orgue de la basilique de Quintin, construit par le Rennais Jean-Baptiste Claus au 19e siècle et classé monument historique en 1999:

Entre le trop et le trop peu, comment trouver la bonne ornementation, en fonction de la nature de l'instrument, car tous les orgues sont uniques, -et je viens tout juste de faire la connaissance de l'orgue avec qui (si si, avec "qui") je jouerai jeudi - et comment trouver le phrasé juste en fonction de l'acoustique tout à fait particulière de la basilique... L'orgue de Quintin présente quelques exotismes, notamment une pédale de tonnerre, et un jeu que je n'ai jamais vu nulle part ailleurs, qui me semble une néo-bretonnitude : le keraulophone.

Ker pour la Bretagne, "aulo" pour aulos, l'instrument à vent grec, et phone pour le son (comme saxophone...), sans doute...

Longue journée, qui se termine par une répétition du sublime Stabat Mater de Pergolèse, l'occasion de rencontrer le sympathique (et talentueux!) contre-ténor Jean-Pierre Tazé, avec qui je me suis rendue au café internet "Le Celtic" à Quintin pour vous rédiger ces lignes... Rendez-vous pour le concert jeudi à 20h45 à la basilique!

Pour ceux que ça intéresse, la composition de l'orgue:

Grand orgue

Bourdon 8'
Montre 8'
Salicional 8'
Prestant 4'
Octavin 2'

Récit

Quintaton
Cor de chamois 8'
Keraulophone
basson - hautbois
Flûte traversière 8'

Écho

Voix céleste
Gambe
Dulciane
Flûte harmonique 8'
Trompette 8'
Voix humaine 8'

Pédalier

Flûte 8'
Soubasse 16'

Machine Barker. Pédale d'expression (cuiller!). Trémolo. Accouplements en tout genre (honni soit qui mal y pense!). Pédale de tonnerre! VROUM!

l'orgue est plus ancien que la basilique, il a été conçu pour le couvent des Ursulines (toujours à Quintin), ce qui explique la sobriété des jeux, conçus surtout pour l'accompagnement.

Difficile de bien registrer de la musique baroque sur un orgue romantique! Mais avec un peu d'imagination et en rusant bien, on finit par arriver à le faire sonner baroque... ;-)

Belle mécanique bien précise (loué soit Barker - quand la machine fonctionne bien!), qui permet à mes petits doigts de claveciniste (tic tic tic!) de caracoler dans tous les ornements qui taquinent le clavier aux reprises.

lundi 9 juillet 2007

Les Nuits de Gignac et le mariage de Sandra et Julien

Encore un gros week-end, puisque vendredi soir je suis all�e pr�ter main-forte au Bagad d'Aix qui effectuait la premi�re partie d'un concert de Tri Yann au festival "Les Nuits de Gignac" dans le Gard. Ca impressionne toujours un bagad, m�me hors de Bretagne, et m�me un bagad qui n'a que quelques mois d'existence comme le Bagad d'Aix en Provence. Mais malgr� le nombre de d�cibels (15 cornemuses, bombardes et tambours, �a s'entend!), il a encore fallu se battre contre le sonorisateur qui a lanc� la sonorisation sur sc�ne alors que nous �tions en train de jouer (en acoustique, forc�ment), au m�pris des danseurs qui nous entouraient. On est toujours fragile quand on fait de la musique non amplifi�e, m�me de la musique de bagad ; et il faut encore et toujours se battre et pousser une gueulante pour faire respecter notre musique contre la toute-puissance des musiques amplifi�es...

Lev�s t�t le lendemain matin, c'est en voiture que nous avons parcouru la distance entre Montpellier et Paris pour �tre en costumes et pr�ts � jouer � 16h � Linas-Monthl�ry. Travers�e du viaduc de Millau � 8h du matin, sous le soleil matudinal, quelle splendeur. Puis tr�s belle c�r�monie de mariage en l'�glise Saint Jean Baptiste de Leuville-sur-Orge pour les �pousailles de Dame Sandra et Sieur Julien (bient�t des photos!). J'ignorais jusqu'� notre arriv�e qui �tait le saint patron de l'�glise o� allait �tre c�l�br�e la b�n�diction: Jean-Baptiste occupe une place de choix dans mon esprit car non seulement c'est le patron du Qu�bec (notre f�te nationale est le 24 juin), mais �galement, c'est l'hymne � St Jean Baptiste, couch�e sur papier par Guido d'Arezzo vers le XIe si�cle, qui a donn� leurs noms aux notes de la gamme.

Quel dommage, je ne sais par coeur que le premier couplet, et je n'ai pas la partition sur moi: je ne pourrai donc pas la chanter... J'en fais part au sacristain, et vite vite avant la noce nous fouillons dans tous les placards de la sacristie pour chercher un vieux Paroissien Romain qui tra�nerait par l�... nous avons trouv� moult livres, des tonnes de poussi�re, des bouts de cierges, mais de Paroissien Romain, point... Toute triste, je me suis r�soute � chanter autre chose et la c�r�monie commence. Vers le milieu de la premi�re lecture, le sacristain arrive, un peu essoufl�, et me tend un feuillet : c'est "Ut queant laxis!" (mot � mot : "Que tes serviteurs chantent d'une voix vibrante!") C'est l'hymne! Il a couru chez-lui, l'a trouv�e sur internet (!!!) et me l'a imprim�e. Alleluia! Au moment voulu, je me suis donc plac�e sous la cl� de vo�te de cette �glise plusieurs fois centenaire, et la voix est mont�e comme l'encens qui emplit la nef de ses volutes... Frissons.

Pour la prochanie fois (et pour tous ceux que �a int�resse!) la partition de cette hymne se trouve ici (au format .pdf)

Au fait, une petite r�gle de grammaire rigolote : "hymne" est f�minin lorsqu'il s'agit d'une hymne religieuse, mais masculin lorsqu'il s'agit d'un hymne national... (la�cit�, quand tu nous tiens...!)

Dans le m�me ordre d'id�es, on pense tout de suite � "amours, d�lices et orgues"... qui sont masculins au singulier mais f�minins au pluriel. Si ce n'est que selon le Gr�visse (LA r�f�rence... d'autant plus que Maurice Gr�visse �tait Belge : on ne va tout de m�me pas laisser les francophones de France s'occuper de leur langue, il seraient capables de ne pas en prendre soin), orgues n'est f�minin pluriel uniquement lorsqu'il ne s'agit que d'un seul instrument : les grandes orgues de Notre-Dame de Paris, mais les beaux orgues de Bretagne...

mercredi 4 juillet 2007

Claude Nadeau en concert � Quintin le 19 juillet - Un abadenn gant Claude Nadeau e Kintin d�an 19 a viz Gouere

Le Festival de chant choral � La voix dans tous ses �tats �, qui se tiendra � Quintin (22) du 14 au 22 juillet, accueillera Claude Nadeau pour un concert exceptionnel le jeudi 19 juillet � 20h45 � la Basilique de Quintin avec l�Ensemble Instrumental du Val de Loire sous la direction de Gilles Lefevre.

Le programme de ce concert pr�sentera une partie du travail des choristes (direction : R�mi Corbier), le Stabat Mater de Pergol�se (solistes : Lys Nordet et Jean-Pierre Taz�), le Concerto pour hautbois de Cimarosa (soliste : Michel Tizon), ainsi que le Concerto pour orgue op. 4 n� 6 de Handel, avec Claude Nadeau comme soliste � l�orgue de la Basilique, un instrument construit par le Rennais Jean-Baptiste Claus au 19e si�cle et class� monument historique depuis 1999.

Bien connue des milieux bretons comme fondatrice de l'�cole Diwan de Paris, Claude Nadeau est �galement l'une des jeunes interpr�tes les plus en demande de du monde de la musique ancienne. Septi�me g�n�ration de musiciens d��glise dans sa famille originaire du Qu�bec, elle aime bien raconter qu��tant enfant, on l�a assise sur un banc d�orgue sans plus d�explications, avec un seul mot : � joue ! �.

On conna�t la suite, et l�ann�e 2007 est particuli�rement riche pour cette jeune musicienne : elle a fait en janvier ses d�buts � l'Op�ra de Paris comme soliste au clavecin, et elle a effectu� en mars une tourn�e au Japon avec le soutien du Conseil R�gional de Bretagne, au cours de laquelle elle a eu l�occasion de faire d�couvrir au public nippon les diff�rents aspects de la musique bretonne. Ce concert du 19 juillet repr�sente une premi�re pour cette jeune artiste, puisqu�il s�agira de son premier concerto de soliste avec orchestre, une �uvre p�tillante et pleine d��nergie.

Depuis 10 ans, Quintin est l��crin de � La voix dans tous ses �tats �, un festival de chant choral o� se rencontrent chanteurs et musiciens de toute la France et d�ailleurs. Au cours de sept jours de formation, les choristes auront cette ann�e l�occasion de travailler la messe � Nelson � de Haydn, ainsi que le r�pertoire d�op�rette. Six concerts seront pr�sent�s tout au long de cette semaine.

Gouel laz-kana� � La voix dans tous ses �tats �, adalek ar 14 betek an 22 a viz Gouere e Kintin (22), a zegemero Claude Nadeau evit ur sonadeg espar d�an 19 a viz Gouere da 8e45 e Penniliz Kintin, gant Laz-seni� Trao�ienn al Liger, dindan renerezh Gilles Lefevre.

E-kerzh ar sonadeg-se e vo klevet labour al laz-kanerien (renerezh: R�mi Corbier), Stabat Mater Pergolesi (soloourien : Lys Nordet ha Jean-Pierre Taz� ), ar C�hengerzad evit oboell gant Cimarosa (soloour : Michel Tizon) hag ar C�hengerzad evit ograo� op. 4 niv. 6 gant Handel, ha gant Claude Nadeau evel soloourez war ograo� ar Benniliz, ur benveg savet gant ar Roazhonad Jean-Baptiste Claus en 19vet kantved, ha rummet monumant istorel abaoe 1999.

Anavezet-mat eo Claude Nadeau gant ar Vretoned p�eo bet diazezet ganti skol Diwan Pariz. Unan eus ar sonerezed yaouank a vez goulennet ar muia� eo ivez e-touez bed ar sonerezh kozh. Ar seizhvet rummad sonerien a iliz eo en he familh a orin eus Kebek. Plijout a ra dezhi konta� an dra-ma� : pa oa yaouank a oa bet azezet dirak un ograo� hag e oa bet lavaret dezhi ur ger hepken : � c�hoari ! �

Ha diwar neuze eo bet pinvidik-tre ar bloavezh 2007 evit ar sonerez yaouank-ma� : graet he deus he c�hammedo� kenta� e miz Genver evel soloourez war ar c�hlavisim en Opera Pariz, ha graet he deus un droiad e Japan, gant skoazell Kuzul-rannvro Breizh, evit diskouez d�ar Japaniz ar sonerezh breizhat. Ar sonadeg e Kintin a vo un abadenn dreistordinal evit an arzourez, abalamour ma vo he sonadeg kenta� gant ul laz-seni�, gant un oberenn leun a vuhez ha leun a startijenn.

Abaoe 10 vloaz dija ez eo Kintin kalonenn gouel ar vouezh � La voix dans tous ses �tats �, gant kanerien ha sonerien eus Fra�s a-bezh hag eus lec�h all. Er bloaz-ma�, e-pad seizh devezh stummadur e vo al laz-kana� o labourat an oferenn � Nelson � gant Haydn ha rollad tonio� an operetenn . C�hwec�h sonadeg a vo kinniget e-pad ar sizhun.

Kemenadenn e brezhoneg gant skoazell Ofis ar Brezhoneg


lundi 2 juillet 2007

Vous fûtes 15 000 en juin

Plus précisément 15 277 visiteurs uniques sur ce blog... Je me demande parfois qui vous êtes, d'où vous venez, et ce que vous cherchez... Certainement, pour plusieurs, la possibilité d'écouter de la musique gratuitement, grâce à ma boîte à musique. D'autres cherchent mes recettes (incroyable mais vrai) ou les actualités de mes concerts. Merci à tous les afficio-Nadeau de votre fidélité, et surtout n'hésitez pas à écrire des commentaires (si vous n'arrivez pas, vous pouvez toujours ) , ou encore dire bonjour à la dame. Restez branchés pour les nouvelles et palpitantes aventures de Claude Nadeau! ;-)

dimanche 1 juillet 2007

Dame Valérie et Sieur William: "Unis, nous serons invincibles"

Meilleurs voeux de bonheur à Valérie et William, dont le mariage sous la thématique médiévale n'est pas passé inaperçu à Monterblanc, près de Vannes dans le Morbihan. Il faut dire que ce couple avait vraiment tout concocté pour que ce week-end sur leurs terres soit inoubliable : même les invités ont joué le jeu et la plupart étaient costumés! C'est donc en cortège que la maisnie a rejoint la mairie au bourg de Monterblanc, avec chevaux, bannière et bien sûr en musique, avant de procéder à une union plus spirituelle.

Au moment où j'écris ces lignes, je reçois justement un mot de la part des mariés :

Nous sortons enfin la tête de l'eau - hormis la pluie - question rangement et nettoyage... Nous dirons que le plus gros est fait !

Nous souhaitons vous féliciter tous deux pour votre intervention. Grâce à vous, notre mariage s'est déroulé complètement dans l'ambiance que nous avions souhaité lui donner.

Tout cela restera gravé dans nos mémoires... Notre maisonnée reste emplie de l'énergie que vous y avez transmis. Vous nous avez transportés dans un univers féerique et magique, vous avez su éveiller nos sens, et nous recevons cela comme un présent unique.

De nombreuses personnes de notre entourage furent enchantées à la fois par votre culture et vos personnalités. Vous avez su les entraîner dans une autre époque, et c'est exactement ce que nous souhaitions. Nous sommes ravis !

Tous nos convives ont été enchantés par votre talent, votre culture et votre bonne humeur. Certains ont découvert la musique médiévale, d'autres ont adoré vos diverses interprétations. Nous-mêmes savions que votre prestation serait à la hauteur de nos attentes, et nous sommes totalement tombés sous le charme.

Votre sympathie, votre dévouement et vos cadeaux nous ont littéralement comblés! MERCI, MERCI, MERCI�

L'événement n'est pas passé inaperçu de Ouest-France ni du Télégramme, qui ont publié tous les deux un article et une photo :

Valérie et William scellent leur union de façon "féodale"

An l'an de grâce deux mille sept, le trentième jour du mois des moissons, deux heures après l'angélus, messire Michel Obled et dame Nelly d'une part messire Guy Talbot et dame Danielle de l'autre, ont convolé en la mairie de Monterblanc, leur fille Valérie et leur fils William en juste noce afin de sceller leur union durable.

Serait-ce le tournage du troisième volet du film de Jean-Marie Poiré : Les Visiteurs ? Non simplement un mariage atypique quelque peu repoussé dans un temps lointain de la féodalité, au XIIe et XIIIe siècles. Pourquoi cette mise en scène ? Valérie et William vouent une passion pour cette époque : "C'était un autre état d'esprit. On travaillait pour vivre. Chacun apportait sa collaboration pour que son voisin puisse subsister. Aujourd'hui, on est plus individualiste". Doulz seigneurs, messires, gentes dames, chevaliers, colporteurs, gueux, chacun des soixante convives a joué le jeu et était acteur de cette journée. Pour rejoindre leurs terres au Faouëdic, ils ont emprunté le phaéton (charrette) où les bonne victuailles et bonnes pitances les attendaient au son des troubadours et ménestrels. Mais avant de faire ripaille, les époux ont échangé mutuellement leur consentement. (Ouest-France du 2 juillet)