Claude Nadeau, musique classique - clavecin, orgue... musique baroque

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mercredi 25 février 2009

Spécial Salon de l'agriculture

Ma mère m'a ressorti cette photo, je dois avoir 5 ans à peine, et déjà le chapeau! Sur le beau tracteur Ford de mon parrain Jean-Marie en Gaspésie (au Québec)...

Un jour à l'issue d'un concert où je tenais le continuo en même temps que je dirigeais, quelqu'un du public était venu me dire que je faisais "un continuo tracteur". J'ai failli mal le prendre, d'autant plus que cette personne connaissait la musique, mais elle s'en est expliquée : un continuo qui emmène les autres musiciens, du verbe tracter quoi! Cela m'a fait penser à François Couperin, qui dit dans "L'art de toucher le clavecin":

"Les hommes qui veulent arriver à un certain degré de perfection ne devroient jamais faire aucun exercice pénible de leurs mains. Celles des femmes, par La raison contraire, sont généralement meilleures. J'ai déjà dit, que la souplesse des nerfs contribué beaucoup plus, au bien-joüer, que la force; ma preuve est sensible dans la différence des mains des femmes, à celles des hommes; et de plus, La main gauche des hommes, dont il se servent moins dans les exercices, est communément plus souple au clavecin". Bref, travaux des champs ou plaisirs d'Euterpe, il faut choisir...

L'occasion de relire cet ouvrage de Couperin, dans lequel, comme beaucoup de jeunes clavecinistes, j'appris à apprivoiser cet instrument. En voici un extrait:

Cet instrument a ses propriétés, comme le Violon a les siennes. Si le clavecin n'enfle point ses sons; si les batemens redoublés sur une même note ne lui conviennent pas extrêmement;, il a d'autres avantages, qui sont, La précision, La néteté, Le brillant; Et L'etenduë. On devroit donc prendre un milieu, qui seroit, de pratiquer quelquesfois les légèretés des Sonades, et d'éviter les morceaux lents qui si rencontrent, dont les basses ne sont point faites pour y joindre les parties lutées, et sincopées qui conviennent au clavecin. Mais les François dévorent volontiers Les nouveautés aux dépens du vrai qu'ils croyent saisir mieux que les autres nations. Après tout, il faut demeurer d'accord que les pièces faites exprès pour le clavecin y conviendront toujours mieux que les autres. Cependant dans les légèretés des Sonades, il y a des morceaux que réüssissent assez bien sur cet instrument. Ce sont ceux où le dessus et la basse travaillent toujours. Comme, par exemple, l'allemande cy-après...."

Et pour revenir à l'agriculture, enfin (c'est actuellement le Salon de l'Agriculture à Paris), je dis souvent que le clavecin est un instrument bio : il est comme il est, avec ses limites et ses possibilités, il joue peut-être moins fort en décibels que d'autres instruments, il tient moins bien l'accord parfois, mais pour certaines choses il a peut-être un peu plus de goût, et c'est ainsi qu'on l'aime, parce qu'il est authentique, profondément organique...

lundi 9 février 2009

Victoires de la musique classique 2009

J'ai assisté hier au gala des Victoires de la Musique Classique 2009 à Metz. C'est la deuxième fois que je prends part à cet événement (voir le billet de l'année dernière, à Toulouse). Je dois dire que le spectacle était particulièrement réussi cette année, avec des artistes époustouflants en direct d'une des plus belles salles de France, le théâtre de l'Arsenal : Robarto Alagna, l'ensemble Matheus dirigé par Jean-Christophe Spinosi, Katia et Marielle Labèque, Lang Lang, l'Orchestre National de Lorraine dirigé par Jacques Mercier et Ariane Matiakh... L'émission animée par Marie Drucker et Frédéric Lodéon était retransmise en direct sur France 3 et par France Inter.

J'ai beaucoup aimé l'intervention des musiciens du Trio Wanderer, lauréat du trophée de l'ensemble de musique de chambre de l'année, pendant laquelle un des musiciens a affirmé que cette Victoire démontrait que le public était encore capable d'apprécier la belle musique, sans céder à la facilité, et pouvait aimer autre chose que la culture bling-bling. Pour une fois qu'on a de la musique classique aux heures de grande écoute, j'espère que cette petite phrase aura fait mouche. Et puisque Patrick de Carolis était dans la salle, peut-être est-ce l'occasion de réfléchir : puisque les chaînes publiques ne sont plus soumises aux diktats de l'audimat pour plaire aux publicitaires, peut-être l'étape de la suppression de la pub pourrait-elle être une opportunité d'avoir l'audace de programmer plus souvent de la musique classique sur les chaînes non câblées?...

J'ai eu l'heureuse surprise hier soir de me faire reconnaître par des lecteurs de ce blog ! Un blog qui se maintient dans les 20 000 visiteurs uniques mensuels en moyenne... merci à vous de vous intéresser à ma musique. C'est vrai qu'avec un instrument aussi improbable que le clavecin, on est bien obligés de réfléchir à des nouveaux moyens de diffusion. N'hésitez pas, visiteurs, à laisser des commentaires, à envoyer un petit mot : cela fait tellement plaisir de savoir qu'il y a des gens derrière l'écran! Et puis, quand on passe des heures seul devant son instrument, avec forcément des moments de fatigue et de doute, cela fait du bien de temps en temps de se retourner et de voir que, non, on n'est pas complètement seul!

Retour à Paris hier soir par le TGV de 20h55, qui était rempli avec une bonne partie des artistes des Victoires de la Musique : incroyable ambiance de fête au bar et dans les voitures, on boit au succès des uns, on fait des affaires, on se dépêche d'engager tel lauréat avant que son agent, dès le lendemain matin, double sa cote... Et puisque la soirée était aux remerciements des uns et des autres, j'y vais moi aussi de mon couplet : merci à Bruno Mantovani pour les fous rires en voiture 3 (rikitikitikak), merci aux éditions Lemoine pour le coup à boire et pour l'harmonium, merci à Philippe Jarourssky d'avoir fait vite ;-) merci au contrôleur de nous avoir laissés faire la fête dans son train, merci à Roberto Alagna pour le biscuit au chocolat (mmmm)... et qui sait, l'année prochaine, peut-être un disque de Claude Nadeau en nomination pour les Victoires?... ;-)

lundi 2 février 2009

La folle journée du clavecin à Vannes

Eh non, malgré toute l'envie que j'avais d'y aller, je ne suis pas allée à la Folle Journée à Nantes, puisque j'ai passé la journée au Conservatoire de Vannes avec des élèves du département claviers (piano, orgue) afin de leur faire découvrir le clavecin. Une folle journée en effet, car aujourd'hui j'ai fait jouer une bonne vingtaine d'élèves sur le clavecin, en consacrant une vingtaine de minutes individuellement à chacun. Et puis, comme à Nantes, ils ont presque tous joué du Jean-Sébastien Bach! :-)

C'est la suite d'un projet pédagogique qui avait commencé à Pontivy (voir le billet à ce sujet) et qui était proposé aux élèves de Vannes, Pontivy et Sarzeau. Environ 75 élèves ont été intéressés, et se sont portés volontaires pour prendre part au projet en plus de leurs heures de cours régulières. Merci aux professeurs de piano et d'orgue de s'être préêtés au jeu et d'avoir collaboré avec autant de complicité! Voici le compte-rendu qu'ont fait Le Télégramme et ouest-France à ce sujet : (cliquez sur les articles pour agrandir)