Claude Nadeau, musique classique - clavecin, orgue... musique baroque

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mardi 24 juillet 2007

Sous vos applaudissements mesdames et messieurs

Dimanche soir j'ai assisté à un très beau concert ; ça faisait longtemps que je n'avais pas assisté à un concert "côté public"!

Or j'ai observé que la personne qui était assise à côté de moi, bien qu'appréciant manifestement la soirée, n'applaudissait pas. Avez-vous remarqué que certaines personnes, au concert, n'applaudissent jamais?

De quoi un musicien a-t-il besoin? Il a besoin qu'on l'aime. Et comment le public manifeste-t-il qu'il aime ? en applaudissant. Si personne n'applaudit, le flux d'énergie est rompu avec l'artiste et il n'a plus qu'à rentrer chez-lui. Si la salle applaudit à tout rompre, l'artiste est électrisé : les applaudissements sont le salaire du musicien !

(pourquoi sinon croyez-vous qu'on exercerait un métier aussi mal payé?) ;-)

vendredi 20 juillet 2007

Enfin de l'orgue à la télé!

Les miracles se produisent souvent dans les églises. Et comme nous autres organistes nous fréquentons régulièrement ces lieux, statistiquement nous sommes bien placés.

Très mauvaise répétition mercredi soir avec l'Ensemble Instrumental du Val de Loire en prévision du concert de jeudi à la basilique de Quintin : la tribune de l'orgue étant trop petite pour accueillir l'orchestre, je joue le concerto op. 4 n° 7 de Handel (en si bémol majeur - celui qui est également souvent joué à la harpe) seule à la tribune alors que l'orchestre est en bas, dans le choeur. Ce qui n'a pas manqué de nous causer un problème MAJEUR de synchronisation! La basilique est vaste, le son y connaît une très belle résonance ; mais cela implique également un léger décalage entre le moment où l'archet fait vibrer la corde dans la nef et le moment où mes doigts font parler les tuyaux cent mètres plus loin (et quinze mètres plus haut! je laisse les trigonomètres calculer l'étendue de notre désarroi).

Résultat, une catastrophe: je n'entends l'orchestre qu'avec beaucoup de retard, le chef ne me voit pas, cachée derrière la console à trois claviers, tout le monde marche sur des oeufs et le résultat musical ressemble à une grosse soupe, ou plus précisément au kig ha farz qu'on nous a servi hier soir au dîner, avec le far bien "brujunet"! (émietté) - (pour les ignorants culinaires de ce délice, le kig ha farz est à la Bretagne ce que le couscous est à l'Afrique du nord... c'est dire! pauvre Handel!)

Rien de pire qu'une mauvaise répétition la veille d'un concert. Ca vous sape un moral, je vous jure! Surtout quand on a deux jours pour monter un programme de concert d'une heure et demie, avec la journée de travail qui commence à neuf heures du matin et qui se termine à 23h30! Je suis sortie mercredi soir de la Basilique livide, angoissée, perplexe. Normalement pour jouer ce genre d'oeuvre, soit l'orchestre est en haut à la tribune près de l'orgue (mais ici il n'y a pas la place), soit l'orgue est dans le choeur, comme à Carhaix, donc près de l'orchestre... Mais à Quintin, avec les contraintes évidentes du lieu, comment faire pour se synchroniser?

Je n'en ai pratiquement pas dormi de la nuit (et le chef d'orchestre non plus, m'avouera-t-il après le concert). Le problème lié à la configuration du lieu semble impossible à régler. Vais-je demain soir me couvrir de ridicule en transformant en soupe immonde mon premier concerto de soliste avec orchestre? D'autant plus que lorsqu'on est dans une position aussi inconfortable, les doigts se mettent à faire n'importe quoi. Tourne et retourne dans le lit, tic et tac la pendule, je compte les heures et je fais la crêpe en cherchant quel côté serait le plus susceptible de faire venir le sommeil. Mais quelle idée aussi de faire un concerto d'orgue dans des conditions aussi abracadabrantes. Et puis après tout, toutes les églises sont faites comme cela, ou presque, et on ne va tout de même pas s'empêcher de jouer du Handel pour si peu. D'ailleurs Handel, qu'aurait-il fait à ma place? C'était un musicien comme nous, il a certainement été confronté lui aussi à ce genre de problème. Tic, tic, tic, trois heures. Soupir. Et si je ne le jouais pas? Tant qu'à me couvrir de ridicule avec un magma informe et les doigts qui n'en font qu'à leur tête, autant ne rien jouer: la répétition de ce soir a été si mauvaise... Et puis d'abord, sale métier que celui de musicien. Mal payé, mal aimé, mal traité, mal apprécié du grand public toujours à l'affût de la moindre fausse note, c'est décidé, demain j'arrête. Et tant pis pour Handel. Et dommage pour ce beau trois-claviers et pour le jeu de keraulophone qui... qui... qui... zzzzzzzzzzzzzzzzzzz.

Jeudi matin, je me suis réveillée dans la peau d'une guerrière. J'allais trouver une solution. Coûte que coûte.

En route vers le champ de bataille : direction la basilique. J'y ai passé la journée. A jouer de l'orgue, à explorer les lieux, à prendre possession mentalement du bâtiment, à en observer les moindre détails, à m'approprier l'esprit du lieu, à me mettre au diapason avec ses murs, à me fondre dans la lumière des vitraux. A réviser ce concerto, à répéter par coeur le moindre solo, lentement, prestement, à le décortiquer, le rejouer encore, jusqu'à le graver dans le granit de la basilique. La guerrière fourbit ses armes, elle veut observer et stratégir. Elle a décidé qu'elle vaincra.

La basilique n'est pas ancienne, elle date du XIXe siècle, et fait un peu penser à la basilique de Montréal. Celle de Montréal comporte un orgue Casavant, qui fut l'élève de Cavaillé-Coll ; celle de Quintin comporte un Claus, qui fut également élève du même facteur. Un peu avant midi, au moment où le jeûne commence à se faire sentir, de guerre lasse je vais m'asseoir tout au fond du choeur, devant le maître-autel et la statue de Notre-Dame de Délivrance. Cela fait trois heures que la guerrière a investi la basilique et toujours pas de solution. Alors mon regard s'est perdu dans la contemplation des gisants de Geoffroy Botherel et celui de Jean II de Bretagne, et je me dis qu'elle est belle ma grande théorie de rédemption par la Beauté si je suis infichue de jouer proprement un "simple" concerto de Handel... Du dehors, mon regard s'est tourné en dedans, et j'ai bien dû rester une demi-heure, trois quarts d'heure en prière et en méditation, jusqu'à sentir en moi sourdre la source qui -j'en suis certaine!- jaillit sous la basilique, et qui, sans que je puisse expliquer comment, m'a apaisée et m'a permis de me lever pour aller déjeuner.

Deux heures sonnent au beffroi, je suis de retour à l'orgue, studieusement. J'entends des pas dans l'étroit escalier de granit : c'est Monsieur le Maire en personne qui, "passant par là", vient me voir avec l'un de ses adjoints. Je le complimente sur l'orgue de Quintin, en assez bon état, malgré qu'il ne serve qu'une fois l'an, en somme, pour le pardon au mois de mai. "D'ailleurs, me dit le Maire, à cette occasion nous sommes obligés d'installer une caméra en circuit fermé afin que l'organiste puisse voir le maître de chapelle, sinon, vous comprenez, il y a un sérieux problème de synchronisation..."

Le voilà le miracle. Et voilà comment jeudi soir nous avons fait un superbe concerto de Handel, dans lequel l'orgue dialogue joyeusement avec l'orchestre et se permet même de jouer à l'unisson avec lui dans les tutti, sans décalage. Un concert d'autant plus réussi que nous avons tellement eu chaud, et lorsque le concerto a été terminé, dans toute la splendeur de l'art handélien, j'ai eu envie de hurler de joie.

Regardez bien au centre de la photo : la fameuse caméra!


Merci à Claude Morin, maire de Quintin, pour son intervention miraculeuse, matérialisée par M. Nédélec (nedeleg, en breton, a la même signification que Nadeau, ou nadau en occitan : nativité), de Plouescat, avec qui j'ai eu le plaisir de parler en breton - un beau breton bien articulé et riche en vocabulaire!- , venu tel un archange salvateur avec sa caméra... pour le plus grand bonheur - et surtout le plus grand soulagement!- du chef et des musiciens. Et puis, que diable, pour une fois on a de l'orgue à la télé!

mercredi 18 juillet 2007

Amours, délices et orgues à Quintin

Répétition en solitaire ce matin en vue du concert de jeudi à la basilique de Quintin, sur le superbe orgue de la basilique de Quintin, construit par le Rennais Jean-Baptiste Claus au 19e siècle et classé monument historique en 1999:

Entre le trop et le trop peu, comment trouver la bonne ornementation, en fonction de la nature de l'instrument, car tous les orgues sont uniques, -et je viens tout juste de faire la connaissance de l'orgue avec qui (si si, avec "qui") je jouerai jeudi - et comment trouver le phrasé juste en fonction de l'acoustique tout à fait particulière de la basilique... L'orgue de Quintin présente quelques exotismes, notamment une pédale de tonnerre, et un jeu que je n'ai jamais vu nulle part ailleurs, qui me semble une néo-bretonnitude : le keraulophone.

Ker pour la Bretagne, "aulo" pour aulos, l'instrument à vent grec, et phone pour le son (comme saxophone...), sans doute...

Longue journée, qui se termine par une répétition du sublime Stabat Mater de Pergolèse, l'occasion de rencontrer le sympathique (et talentueux!) contre-ténor Jean-Pierre Tazé, avec qui je me suis rendue au café internet "Le Celtic" à Quintin pour vous rédiger ces lignes... Rendez-vous pour le concert jeudi à 20h45 à la basilique!

Pour ceux que ça intéresse, la composition de l'orgue:

Grand orgue

Bourdon 8'
Montre 8'
Salicional 8'
Prestant 4'
Octavin 2'

Récit

Quintaton
Cor de chamois 8'
Keraulophone
basson - hautbois
Flûte traversière 8'

Écho

Voix céleste
Gambe
Dulciane
Flûte harmonique 8'
Trompette 8'
Voix humaine 8'

Pédalier

Flûte 8'
Soubasse 16'

Machine Barker. Pédale d'expression (cuiller!). Trémolo. Accouplements en tout genre (honni soit qui mal y pense!). Pédale de tonnerre! VROUM!

l'orgue est plus ancien que la basilique, il a été conçu pour le couvent des Ursulines (toujours à Quintin), ce qui explique la sobriété des jeux, conçus surtout pour l'accompagnement.

Difficile de bien registrer de la musique baroque sur un orgue romantique! Mais avec un peu d'imagination et en rusant bien, on finit par arriver à le faire sonner baroque... ;-)

Belle mécanique bien précise (loué soit Barker - quand la machine fonctionne bien!), qui permet à mes petits doigts de claveciniste (tic tic tic!) de caracoler dans tous les ornements qui taquinent le clavier aux reprises.

mercredi 4 juillet 2007

Claude Nadeau en concert � Quintin le 19 juillet - Un abadenn gant Claude Nadeau e Kintin d�an 19 a viz Gouere

Le Festival de chant choral � La voix dans tous ses �tats �, qui se tiendra � Quintin (22) du 14 au 22 juillet, accueillera Claude Nadeau pour un concert exceptionnel le jeudi 19 juillet � 20h45 � la Basilique de Quintin avec l�Ensemble Instrumental du Val de Loire sous la direction de Gilles Lefevre.

Le programme de ce concert pr�sentera une partie du travail des choristes (direction : R�mi Corbier), le Stabat Mater de Pergol�se (solistes : Lys Nordet et Jean-Pierre Taz�), le Concerto pour hautbois de Cimarosa (soliste : Michel Tizon), ainsi que le Concerto pour orgue op. 4 n� 6 de Handel, avec Claude Nadeau comme soliste � l�orgue de la Basilique, un instrument construit par le Rennais Jean-Baptiste Claus au 19e si�cle et class� monument historique depuis 1999.

Bien connue des milieux bretons comme fondatrice de l'�cole Diwan de Paris, Claude Nadeau est �galement l'une des jeunes interpr�tes les plus en demande de du monde de la musique ancienne. Septi�me g�n�ration de musiciens d��glise dans sa famille originaire du Qu�bec, elle aime bien raconter qu��tant enfant, on l�a assise sur un banc d�orgue sans plus d�explications, avec un seul mot : � joue ! �.

On conna�t la suite, et l�ann�e 2007 est particuli�rement riche pour cette jeune musicienne : elle a fait en janvier ses d�buts � l'Op�ra de Paris comme soliste au clavecin, et elle a effectu� en mars une tourn�e au Japon avec le soutien du Conseil R�gional de Bretagne, au cours de laquelle elle a eu l�occasion de faire d�couvrir au public nippon les diff�rents aspects de la musique bretonne. Ce concert du 19 juillet repr�sente une premi�re pour cette jeune artiste, puisqu�il s�agira de son premier concerto de soliste avec orchestre, une �uvre p�tillante et pleine d��nergie.

Depuis 10 ans, Quintin est l��crin de � La voix dans tous ses �tats �, un festival de chant choral o� se rencontrent chanteurs et musiciens de toute la France et d�ailleurs. Au cours de sept jours de formation, les choristes auront cette ann�e l�occasion de travailler la messe � Nelson � de Haydn, ainsi que le r�pertoire d�op�rette. Six concerts seront pr�sent�s tout au long de cette semaine.

Gouel laz-kana� � La voix dans tous ses �tats �, adalek ar 14 betek an 22 a viz Gouere e Kintin (22), a zegemero Claude Nadeau evit ur sonadeg espar d�an 19 a viz Gouere da 8e45 e Penniliz Kintin, gant Laz-seni� Trao�ienn al Liger, dindan renerezh Gilles Lefevre.

E-kerzh ar sonadeg-se e vo klevet labour al laz-kanerien (renerezh: R�mi Corbier), Stabat Mater Pergolesi (soloourien : Lys Nordet ha Jean-Pierre Taz� ), ar C�hengerzad evit oboell gant Cimarosa (soloour : Michel Tizon) hag ar C�hengerzad evit ograo� op. 4 niv. 6 gant Handel, ha gant Claude Nadeau evel soloourez war ograo� ar Benniliz, ur benveg savet gant ar Roazhonad Jean-Baptiste Claus en 19vet kantved, ha rummet monumant istorel abaoe 1999.

Anavezet-mat eo Claude Nadeau gant ar Vretoned p�eo bet diazezet ganti skol Diwan Pariz. Unan eus ar sonerezed yaouank a vez goulennet ar muia� eo ivez e-touez bed ar sonerezh kozh. Ar seizhvet rummad sonerien a iliz eo en he familh a orin eus Kebek. Plijout a ra dezhi konta� an dra-ma� : pa oa yaouank a oa bet azezet dirak un ograo� hag e oa bet lavaret dezhi ur ger hepken : � c�hoari ! �

Ha diwar neuze eo bet pinvidik-tre ar bloavezh 2007 evit ar sonerez yaouank-ma� : graet he deus he c�hammedo� kenta� e miz Genver evel soloourez war ar c�hlavisim en Opera Pariz, ha graet he deus un droiad e Japan, gant skoazell Kuzul-rannvro Breizh, evit diskouez d�ar Japaniz ar sonerezh breizhat. Ar sonadeg e Kintin a vo un abadenn dreistordinal evit an arzourez, abalamour ma vo he sonadeg kenta� gant ul laz-seni�, gant un oberenn leun a vuhez ha leun a startijenn.

Abaoe 10 vloaz dija ez eo Kintin kalonenn gouel ar vouezh � La voix dans tous ses �tats �, gant kanerien ha sonerien eus Fra�s a-bezh hag eus lec�h all. Er bloaz-ma�, e-pad seizh devezh stummadur e vo al laz-kana� o labourat an oferenn � Nelson � gant Haydn ha rollad tonio� an operetenn . C�hwec�h sonadeg a vo kinniget e-pad ar sizhun.

Kemenadenn e brezhoneg gant skoazell Ofis ar Brezhoneg