![]() Histoire de la fête nationale des Québécois: la Saint-Jean BaptisteLa fête de la Saint-Jean Baptiste était célébrée tous les 24 juin bien avant que de devenir la fête nationale de tous les Québécois. Déjà en des temps immémoriaux, les peuples païens célébraient le solstice d'été par un grand feu de joie, symbolisant la lumière qui était à son apogée. Puis, dans la France catholique de Clovis, on conservera la tradition du feu de joie pour célébrer la naissance de Saint Jean le Baptiste, le cousin de Jésus, appelé 'le baptiste' puisque c'est lui qui a baptisé le Christ, marquant ainsi le début de sa vie publique. Jean est donc celui qui sera la précurseur du Christ, "la lumière du monde" - d'où le lien avec le solstice et le feu de joie. "Je suis la voix qui crie dans le désert!" - vous pouvez (pour votre culture!) en lire le récit dans l'évangile de Matthieu, chap. 3; ou Marc chap. 1; ou Luc chap. 3.
Mais la St-Jean demeure avant tout, pour les Québécois qui étaient très pieux, une fête religieuse, qui donne souvent lieu à des processions dans les rues de la ville, comme c'est le cas de plusieurs autres fêtes, par exemple celles de la Vierge Marie, de St Joseph ou de Ste Anne. C'est en 1834 que de fête religieuse, la St-Jean-Baptiste deviendra un symbole national pour les Québécois. En effet, le 8 mars 1834, Ludger Duvernay et quelques autres Montréalais d'élite fondent une société d'entraide et de secours dont le nom en dit long sur ses objectifs: "Aide-toi et le ciel t'aidera". Cette société deviendra plus tard la Société Saint-Jean-Baptiste, active encore de nos jours. Et c'est le 24 juin 1834 que Ludger Duvernay et une soixantaine de Montréalais d'origine francaise et anglaise organisent un banquet patriotique, la première véritable célébration 'nationale' de la St-Jean. Il est important de souligner que si le nationalisme se définit comme la volonté de se libérer de l'emprise d'un pouvoir politique supérieur, à cette époque au Bas-Canada, "être nationaliste" signifiait donc désirer s'affranchir de la métropole, en l'occurrence la Grande-Bretagne. Il ne faut donc pas se surprendre de voir un grand nombre d'anglophones de Montréal participer à ce banquet nationaliste, qui se tiendra dans les jardins de l'avocat John McDonnell, non loin de l'ancienne gare Windsor.
Ce banquet fut un véritable succès. Si bien que le journal La Minerve conclut, dans son édition du 26 juin 1834, que "Cette fête dont le but est de cimenter l'union des Canadiens ne sera pas sans fruit. Elle sera célébrée annuellement comme fête nationale et ne pourra manquer de produire les plus heureux résultats." (le terme "Québécois" n'est pas encore d'usage à l'époque; c'est ce qui explique l'emploi du terme "Canadien", ou Canadien-français, comme on entend encore dire nos grands-parents). Mise en veilleuse pendant et après les soulèvements des patriotes de 1837 et 38, la fête renaît à Québec en 1842 en tant que fête religieuse, et donne lieu à une grande procession, puis à Montréal en 1843, dans les mêmes circonstances. Ce furent nos premiers "défilés de la St-Jean".
Aujourd'hui encore, la Société-St-Jean-Baptiste de Montréal organise le traditionnel défilé de la St-Jean, qui longe la rue Sherbrooke d'ouest en est pour se terminer au Parc Maisonneuve, où a lieu un grand spectacle populaire qui réunit plusieurs milliers de personnes chaque année. Ce n'est plus le drapeau de Carillon qu'on arbore, mais notre drapeau fleurdelysé bleu et blanc, qui a célébré ses 50 ans en 1998.
Selon une enquête Sondagem réalisée pour le compte du journal Le Devoir, de Télé-Québec et du journal Le Soleil, 71,8% des Québécois croient que la Saint-Jean est vraiment la fête de tous les Québécois, peu importe leur origine, leur langue ou leur orientation politique. Ce sentiment d'appartenance était l'un des souhaits les plus ardents de René Lévesque. Le même sondage révèle que pour une grande proportion de Québécois, cette fête représente en effet "un moment de fierté ", et se célèbre "en famille ou avec les amis" . L'auteure de ces lignes se permet aussi de souligner, un peu coquinement, que depuis quelques années, chaque 24 juin, le pavillon principal de l'Université McGill (université anglophone de Montréal) arbore le drapeau fleurdelysé en lieu et place du drapeau blanc et rouge de McGill. Bien que fière d'avoir elle-même complété ses études en musique à McGill, et respectueuse de son alma mater, elle avoue n'avoir jamais pu trouver si c'était la direction de l'Université qui posait ce geste en signe de respect pour notre fête nationale, ou si c'était quelque grenouille McGilloise audacieuse qui grimpait la nuit du 23 au 24 juin pour afficher ses couleurs L'an dernier, nous avions posé la question personnellement à madame la Chancellière Greta Chambers: nous attendons toujours sa réponse ;-)
Envoyez à vos amis une carte virtuelle pour la fête nationale!
Pour en savoir plus: Hélène-Andrée Bizier et Claude Paulette: Fleur de lys, d'hier à aujourd'hui, édition Art Global. Un magnifique livre illustré tout en couleurs, qui retrace les origines de notre drapeau. Robert Rumilly: Histoire de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, des Patriotes au fleurdelysé, 1834-1948. Éditions de l'Aurore. Pour les mordus d'histoire! Vous pouvez aussi bien sûr vous adresser directement à la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, qui tient feu et lieu à même l'ancienne maison de son fondateur Ludger Duvernay, au 82, Sherbrooke ouest. A la Boutique de la fête nationale, on peut obtenir drapeaux, fanions, chandails, ballons, &c;, arborant couleurs nationales et fleur de lys. Tél: (514) 843-8851
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