Les instruments dont nous nous servirons pour notre tourn�e au Japon du 15 au 21 mars sont absolument somptueux : bagu�es d'ivoire et serties chacune de trois pierres pr�cieuses, notre bombarde et notre veuze (sorte de cornemuse) se veulent au confluent des instruments m�di�vaux et des instruments bretons. Ce sont des pi�ces uniques r�alis�es sp�cialement pour nous par le luthier Dominique Boug� en 2001, et repr�sentent le r�sultat de nos propres recherches organologiques tant au niveau de l'esth�tique, de la sonorit�, que de l'usage d'une �chelle de gamme non temp�r�e tout � fait particuli�re.

Mais l'usage d'ivoire, m�me d'ivoire ancien, exige de se plier � des r�gles tr�s strictes, puisque c'est une esp�ce prot�g�e. Lorsque nous �tions all�s en Chine, en 2003, il nous avait donc fallu obtenir le permis Cites, quatre permis diff�rents en fait : l'un pour avoir l'autorisation de sortir du territoire fran�ais, l'autre pour rentrer en Chine, le 3e pour sortir de Chine et le 4e pour revenir en France. ouf! Tout cela pour nos instruments de musique dont nous n'avons nullement l'intention de faire le trafic et surtout pas de les vendre. Mais bon, c'est la r�gle de la convention internationale.

Cette fois-ci, je recontacte l'autorit� comp�tente pour obtenir un nouevau Cites pour les m�mes instruments, et on me redemande les m�mes documents dont j'ai d�j� fourni l'original en 2003 : "Vous ne croyez tout de m�me pas que nous allons fouiller dans nos archives!" me r�pond-on au bout du fil. Euh....?! Et c'est reparti pour un tour. Redemander l'original de l'attestation du luthier, et l'original de l'attestation du fournisseur professionnel d'ivoire (pr�-convention)...

Mais bon, entretemps, le fournisseur d'ivoire est parti � la retraite (tant mieux pour lui), et pas moyen d'obtenir une attestation de sa part! Pas d'attestation, administration pas contente, pas de permis Cites. Et pas question bien s�r de courir le risque de se faire confisquer nos instruments � la fronti�re!

C'est donc la mort dans l'�me que nous avons d� d�coller les parties en ivoire de nos instruments, en les ab�mant un peu, tout en essayant de ne pas leur faire trop de mal. Ils ont quand m�me un peu souffert, on ne modifie pas un instrument comme cela. Merci du fond du coeur � Bernard Millet, luthier, qui a accept� dans l'urgence de nous fabriquer sur mesure de nouvelles bagues en ivoirine (synth�tique) qui nous permettront de voyager avec nos instruments l'esprit tranquille.

Tout de m�me, on a eu chaud, et nos instruments aussi.